témoignage

un soutien à l'adoption

mettre des mots...

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Parler à ses enfants de leurs difficultés ? Oui, je pense qu'il faut le faire.

Evidemment ce n'est pas la même chose avec un jeune enfant, un ado ou un adulte. Il me semble qu'il faut d'abord parler de l'adoption, du vécu des parents qui attendent, qui espèrent... mais aussi du vécu de l'enfant, pas seulement de la façon dont s'est passé le premier contact ou les premiers temps mais aussi de ce qu'on sait de ce qui s'est passé avant. Même si cet avant n'est pas très reluisant.

Nancy Verrier dit : "si votre enfant a été trouvé dans une poubelle, ça vous fait de la peine de le lui dire aussi vous ne le dites pas. Mais l'enfant lui, il le sait, il était là, il a tout vécu."

Il me semble important de livrer à l'enfant tout ce qu'on sait de son passé, de lui montrer les documents dont on dispose ... et aussi de lui dire ce qu'on ne sait pas, ce qu'on peut imaginer et ce qu'on ne peut pas imaginer.
Et en même temps d'essayer avec lui de retrouver les sentiments qu'il a pu avoir à ce moment-là. Tu devais avoir peur, être triste, être fâché ... Bien faire la différence entre avant et maintenant. Bien montrer la réalité de la pauvreté, du dénuement.

Deborah Gray raconte qu'une petite fille venant de Roumanie ne faisait pas la différence entre sa maman de naissance et sa maman actuelle et en voulait à sa maman actuelle de l'avoir abandonnée à un moment de sa vie même si elle était venue la rechercher plus tard. Dans son livre de vie, les photos de la Roumanie ne montraient que des châteaux et jamais on ne lui avait raconté qu'elle avait eu deux mamans successivement. Quand on lui a expliqué la réalité, quand on lui a montré les photos du misérable berceau de fer dans lequel elle était restée plusieurs mois, elle a pleuré sur elle et sa maman a pleuré avec elle, et à partir de ce moment les choses ont évolué positivement.

Il me semble que déjà donner des informations et reconnaître les sentiments de détresse que l'enfant, même tout bébé, a pu avoir, c'est un premier pas. On peut ensuite passer à la deuxième étape : aujourd'hui c'est différent, moi je ne t'abandonnerai pas, tu n'as rien à craindre ici, il n'y a pas de guerre, il y a à manger ... tu peux me faire confiance, tout en reconnaissant avec l'enfant que ce n'est pas facile de faire confiance quand on a vécu ce qu'il a vécu.

Françoise Hallet

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S’agit-il d’un progrès, d’un immense pas en avant ? ou rien de plus qu'une discussion sans lendemain?... L'avenir nous le dira.
Donc, hier matin, j’étais seule avec L. qui est tellement difficile et tellement noué à l’intérieur!
- "Maman, la dame qui m'a fait, j'étais dans son ventre ?
- Oui.
- Elle pouvait pas me garder alors vous avez pris l'avion pour venir me chercher et vous m'avez donné un doudou et un nom.
- Oui.
- Ca me faisait de la colère..."
C'est déjà un grand pas d'arriver à le dire, non ? ...
A.

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