témoignage

un soutien à l'adoption

lâcher prise...


Je me rappelle très bien avoir traversé des situations où j'étais incapable de lâcher prise, et incapable d'entendre ce conseil. Avec le recul (et l'aide d un psy), j'ai compris un jour qu'accepter de lâcher prise, c'est accepter de ne pas pouvoir, accepter de ne pas être tout-puissant, de ne pas tout maîtriser... Accepter de ne pas être un super- parent ; je ne voudrais pas blesser quelqu'un en disant cela : nous souffrons de vivre avec des enfants qui se montrent tout-puissants; peut-on dire que nous nous faisons souffrir (et faisons souffrir les autres) en nous voulant nous-mêmes tout-puissants?
Cela n'est pas spécifique à l'adoption, mais se retrouve dans toutes les relations aidant-aidé, éducateur-éduqué, soignant-soigné ...

Le "lâcher prise", c'est loin d'être acquis pour moi; je le sais intellectuellement; quant à le vivre au quotidien... c'est une autre histoire.

Isabelle

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Parfois il n'y a peut-être rien de meilleur à faire que lâcher prise, accepter son impuissance (accepter de ne plus pouvoir sur l'autre) et confier la personne à elle-même et ses propres ressources : lui laisser la liberté et la responsabilité de sa vie. Quel que soit la souffrance ou la peur que cela nous donne à nous.

Fanny

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... Ce qui nous ronge quotidiennement : les fugues, les vols, les choses qui disparaissent, les sous-vêtements souillés cachés dans le linge propre, le pipi dans la garde robe, les mensonges à propos de tout et rien, les vêtements qu'on venait d'acheter et choisis par eux, taillés en pièces 8 jours plus tard !
Une bouteille d'eau vidée et remplie d'urine cachée derrière une armoire depuis des lustres, de la nourriture moisie dans leur linge, des cartables qui ressemblent à des poubelles avec des tranches de fromage ou de saucisson parmi les feuilles de cours, les cadeaux offerts et distribués tous azimuts aux copains, des contrôles solaires signés à notre place et camouflés sous les matelas, le maquillage essuyé sur les tentures de la chambre, des bouteilles d'alcool et des chips dans les garde robes...des cartes bancaires découpées en 2, ma brosse à dents qu'on avait utilisée, mon nécessaire de toilette qui disparaissait, et même un ordinateur ouvert qu'on avait saboté en coupant les fins cables au raz des cartes et remonté bien entendu,... des heures à chercher la panne, des heures à devenir cinglée, à chercher tout ce qui disparaissait... le cauchemar au quotidien !
J'ai cru devenir folle et les disputes tous les jours et tous les soirs quand on essayait de savoir la vérité avec mon mari... oui... l'enfer !

Alors un jour j'ai cessé de ranger leur chambre, cessé de faire leur lessive, cessé de repasser leur linge, cessé de fouiller leur antre... tout ce qui était à nous et important on l'a mis sous clés... j'avais l'impression d'être un gardien de prison. C'est toujours le foutoir dans leur chambre mais je n'y vais plus que très rarement ; quand vraiment c'est trop ... J'envoie mon mari faire le constat effrayant et la menace tombe : vous ne passez pas à table avant que votre chambre ne soit rangée !
Depuis ça va mieux car j'ai occulté certaines choses : en fait ils me contrôlaient sans cesse et m'occupaient à chaque minute par leurs petits faits empoisonnés, guettant mon énervement, ma colère, mon épuisement... avec satisfaction en plus !
Je me suis dis : arrête ou tu vas mourir ! A eux tous, vous pensez !
Je me suis détachée non sans difficultés de cette relation étouffante qu'ils entretenaient savamment. Ils ont remarqué que ça ne prenait plus et ont fini par arrêter ce jeu là. Maintenant ça va, mais je garde la distance...c'est comme si leur chambre était leur territoire qu'ils doivent " marquer"... comme un comportement primitif ou animal. Je n'entre plus sur leur territoire et la règle est que les communs doivent rester propres et rangés... le reste c'est leur problème !
Il faut absolument mettre fin à cette emprise psychologique ( qui est une forme de maltraitance) qu'ils ont sur nous qui relève du harcèlement pur et simple. Comment y mettre fin ? En adoptant un certain détachement vis à vis de ces turpitudes quotidiennes. Si vous n'alimentez pas, par des colères, des reproches (justifiés, légitimes on est d'accord) cette dynamique assassine ils vont perdre le pouvoir qu'ils ont sur vous et être complètement déstabilisés ! Ne saisissez pas les perches qu'ils vous lancent, ne vous accrochez pas à l'hameçon... ils n'attendent que ça !
Cela implique un travail énorme sur vous, apprendre à se moquer du qu'en-dira-t-on, enfuir votre culpabilité, apprendre l'humilité à ne pas confondre avec la démission, l'humilité et la sagesse de dire qu'on ne peut pas tout gérer, tout régler, tout réparer, toujours les protéger, ce qui ne veut pas dire que vous démissionnez comme certains vous le feront croire pour vous en remettre une couche de culpabilité.

Etre parents, adultes, c'est refuser de nous comporter comme ils veulent que nous nous comportions.
C'est nous qui devons mener la danse ! Utilisez l'humour, la dérision, le contre pied.

Claudine

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