12/18 ans : en famille

un soutien à l'adoption

Vous cherchez des solutions par vous-mêmes :

Votre adolescent change, vous évoluez aussi :

Maintenez le cap, gardez vos valeurs :

Vous préservez la relation autant que possible :

Vous gérez les situations de crise :

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dessin de Thimothée, 12 ans

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Vous prenez soin de vous

Cela vous paraît peut-être bizarre, ironique, irréaliste, de commencer par un tel conseil ? Si nous commençons par là, c'est qu'à ce stade rien n'est plus important ... Dans l'intérêt de votre jeune lui-même !

- Il a sa vie, vous avez la vôtre ! Que votre inquiétude pour son avenir ne fasse pas de vous un parent étouffant, un parent qui ne vit que pour ses enfants : que votre amour pour lui ne puisse pas lui sembler une prison !

- Prenez du plaisir pour vous. C'et un service à lui rendre pour le libérer d'une dette à votre égard, pour qu'il se sente maître de sa vie et responsable de soi, qu'il ne se sente pas constamment surveillé, épié ...

- Prenez des temps de plaisir pour vous, même et surtout s'il est pour vous une source d'inquiétude constante : vous en avez besoin pour tenir dans la durée.

- Prenez du temps pour vous ... C'est une manière de pouvoir opposer à votre ado des refus qui le limitent dans sa toute-puissance, sa toute-exigence, et une manière relativement bien tolérée. Comment refuser à un ado qui pense que tout lui est dû de le conduire en ville en voiture retrouver des copains un soir de pluie ? Dire " je n'ai pas envie ", dire " quand je te demande un service, toi tu ne me le rends pas ... " ? Beurk ! Mais dire : "Désolée, le jeudi soir c'est mon soir d'aquagym, je ne serai pas rentrée à temps pour te conduire ", c'est autre chose. Il ne s'agit pas de se créer des prétextes, il s'agit de faire en sorte que chacun ait droit à ses loisirs, que sur chacun pèse son lot de contraintes, d'une manière naturelle. Il devient grand, revendique une large autonomie ... mais il n'est pas le centre du monde !

- Ayez un espace à vous, dans lequel il ne puisse pénétrer sans autorisation.

- Ne négligez pas non plus vos autres enfants pour vous concentrer sur l'ado difficile.

- N'espérez pas, n'espérez plus, devenir un parent parfait. Avec un adolescent, c'est impossible ! Ne culpabilisez pas. La seule chose importante c'est de tenir et de durer ...

Témoignage

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Vous analysez la situation, vous essayez de comprendre

- Une crise qui survient à la maison n'a pas toujours son origine au sein de la famille, bien souvent elle est l'onde de choc d'un problème que votre ado a mal vécu à l'extérieur (à l'école, dans la bande de copains, avec un petit ami ou une petite amie ...). Le comprendre peut désamorcer un conflit dans lequel vous vous croyez injustement ciblé. Il vous agresse ? Commencez par supposer qu'en fait il règle un compte à quelqu'un d'autre, que ça tombe sur vous parce que c'est le moins risqué pour lui ...

- De temps en temps, essayez de vous rappeler votre propre adolescence, ressortez des photos et faites revenir les souvenirs. C'est difficile d'être ado, d'être un ado adopté encore plus, et d'être marqué par une origine étrangère ça ne simplifie rien ...

- Réagissez lentement, ne prenez pas la mouche, ne tombez pas dans sa provoc' : donnez vous le temps d'essayer de comprendre. Il n'a plus huit ans, vous pourrez revenir plus tard sur un comportement qui vous a déplu, calmement, mais ne partez pas au quart de tour sous le coup de la colère.

- De l'humour, encore de l'humour, toujours de l'humour. Cherchez plutôt une relation de connivence qu'une relation d'autorité ..

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Vous apprenez à lâcher prise

Parions que ce mot de "lâcher prise" ne vous plait pas, que vous y lisez comme un abandon, un renoncement à vos objectifs éducatifs et à vos désirs...
Ce n'est pas du tout le cas, et nous allons essayer de préciser ci-dessous ce qu'on appelle lâcher prise, qui est pour une part l'équivalent psychique de ce que font les lutteurs dans certains arts martiaux orientaux : utiliser la force de l'autre pour le déstabiliser au lieu de lui opposer sa propre force.

Les conseils ci-dessous seront plus efficaces si votre jeune vous fait une crise d'adolescence carabinée après une enfance paisible où il était clair qu'il vous était attaché. Ils restent pertinents dans tous les cas, mais peuvent ne pas suffire ...

Lâcher prise c'est :

- Eviter les conflits de pouvoir sans enjeu véritable, car c'est user sa force psychique inutilement : par exemple s'enferrer dans une discussion dont le seul enjeu est de sortir en ayant eu le dernier mot (Johnny Halliday a été marié quatre fois. Non cinq. Non Quatre etc ...) ; ou s'enferrer dans un conflit lorsqu'on sait d'avance qu'on ne pourra pas l'emporter, parce qu'on ne dispose d'aucun moyen pour empêcher le jeune de faire ce qu'il veut ( Il suffit d'affirmer ce qu'on souhaite, en tant que souhait. Le jeune dit "non". Vous dites : "Je t'ai dit ce que j'aimerais que tu fasses, c'est tout", ou bien "J'aurais préféré que tu dises oui".
Il ne sera pas gagnant parce qu'il n'y a pas eu de combat, mais il connaît votre désaccord ; ou encore marquer le point avec triomphalisme lorsque les événements vous ont donné raison ("Je te l'avais bien dit..." : comme il déteste perdre la face, il vous en veut d'avoir eu raison, surtout si vous le soulignez lourdement).

- Accepter de n'être pas tout-puissant et renoncer à tout contrôler : le jeune dispose d'une sphère d'autonomie sur laquelle vous renoncez à intervenir. Ainsi sa chambre est son domaine, vous n'y intervenez pas, vous n'y entrez évidemment jamais sans frapper, jamais en son absence, mais vous négociez un minimum de règles d'hygiène et d'occasions de grand ménage ... Une exception cependant si vous soupçonnez qu'il se drogue ... Autre exemple : le choix de ses amis ... S'il a des fréquentations tellement dangereuses que cela impose une intervention de votre part, vous franchissez un seuil (comme dans le cas de la drogue si vous franchissez le seuil de sa chambre). Cela devrait rester exceptionnel ... Mais vous exigez de lui un comportement respectueux de ceux qui vivent sous votre toit, et l'accomplissement de certaines tâches d'intérêt collectif pour la famille.

- Renoncer à tout contrôler, c'est aussi éviter de tout mélanger. La maison est une chose, l'école une autre, les copains une autre encore ... S'il y a des problèmes à l'extérieur, c'est à l'ado d'y faire face et de réparer si possible, vous ne vous substituez pas à lui systématiquement pour arranger les choses. Tant pis pour le qu'en dira-t-on ! L'important est de responsabiliser le jeune ... Impossible dites-vous ? Il est totalement irresponsable ? Alors vous êtes en présence d'un cas grave (immaturité totale liée à des troubles d'attachement sévères) : les " solutions " vous échappent, il vous faudra avoir recours à l'aide extérieure (psychologique et judiciaire, probablement).

- Accepter de n'être pas forcément les mieux placés pour aider vos enfants. Si dans la tête de l'ado, nous, les parents, sommes le problème, acceptons de ne pas pouvoir être à la fois le problème et la solution ... ce qui veut dire : accepter que la séparation provisoire soit parfois une solution (et qu'elle n'est pas un abandon, le jeune ne s'y trompe pas), et accepter sans jalousie excessive que d'autres adultes soient mieux placés que nous, recueillent ses confidences etc. Là encore, si votre ado manipule ces autres adultes, se plaint mensongèrement d'être maltraité par vous, vous êtes en présence d'un cas grave (immaturité totale liée à des troubles d'attachement sévères) : les " solutions " vous échappent, il vous faudra avoir recours à l'aide extérieure (psychologique et judiciaire, probablement).

- Eviter de toujours mettre la pression sur eux.
Rappelez-vous votre propre adolescence, et les journées où vous n'aviez envie de rien faire ...

- Eviter soigneusement le chantage : ils détestent ça. Mais refusez aussi le chantage qu'il vous impose ou qu'il impose à ses frères et sœurs.

- Offrez leur des possibilités de choix pour qu'ils se sentent maître de leur vie. Les choix entraînent des conséquences logiques, que vous ne confondez pas avec des sanctions. " A ton âge, je n'ai aucun moyen de te contraindre à travailler en rentrant du lycée, tu t'en rends bien compte ? Tu peux donc choisir de t'amuser , ou de réussir ton année scolaire. Mais en cas d'échec, tu renonces aussi à mener un jour la vie étudiante ... car tu devras choisir une orientation professionnelle rapidement. Pourquoi pas ? C'est un choix possible, auquel tu as droit. Mais je voudrais être sûr(e) que tu le fais lucidement, que tu ne le regretteras pas, c'est peut-être dommage de te priver de cette possibilité. "

- Attention à ne pas en faire un chantage... c'est-à-dire à bien distinguer votre désir à vous qu'il fasse des études supérieures, de son désir à lui. Leurs choix leur appartiennent, ils ne correspondent pas toujours aux vôtres. Il doit bien s'agir de choix, non de sanction déguisée. Vos priorités ne sont pas les siennes. Un enfant qui souffre de troubles d'attachement (donc de carences affectives graves dans la petite enfance) a souvent besoin de plus de temps et emprunte des chemins de traverse pour atteindre ses objectifs. Il est centré sur lui-même ici et maintenant, il a du mal à se projeter dans l'avenir : sachez réduire vos attentes ... et parfois lui laisser une deuxième chance.

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N'ayez pas peur d'assumer vos choix, vos valeurs

- Il va contester pendant plusieurs années tout ce que vous représentez...
Mais un jour il aura trente ans, il élèvera ses enfants, et vous serez très surpris de découvrir qu'il leur transmet exactement les valeurs que vous affirmiez et qu'il contestait ado.
L'ado a besoin de s'opposer pour se construire, de secouer vos valeurs pour voir si elles sont solides, mais il ne peut pas se passer de repère. Même face à un jeune qui dérive, vous pouvez rester un repère (comme un phare pour un bateau dans la tempête... restez là, il reviendra...)

- Affirmer vos valeurs, ça ne veut pas dire les lui imposer !
ça veut dire que sa contestation n'a pas de prise sur vos convictions profondes. Il a besoin que vous soyez solide sur vos bases, et que vous sachiez les réaffirmer sans avoir peur de lui. (" J'ai bien le droit de ... " - " Moi je ne le pense pas .. Je constate que tu le prends, mais sur le fond je ne suis pas d'accord ")

- Les valeurs ne s'argumentent pas, elles s'affirment et se vivent.

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Fixez les limites, vos limites

- Soyez fermes et clairs dans vos demandes et assurez vous que le message est bien passé. (Au besoin, faites-lui reformuler votre demande). Ne multipliez pas les explications et les argumentations : sachez dire "Désolé, dans ce domaine c'est moi qui décide."

- Exprimez vos désirs, plutôt que des interdits. Dites " j'ai du mal à vivre dans une maison mal rangée " ou " dans une maison trop bruyante ", plutôt que " tu ne pourrais pas ranger un peu et faire moins de bruit ". Vous acceptez que sa chambre soit à lui, avec son désordre à lui, mais vous exigez que les parties communes soient propres et restent rangées, par respect pour ceux qui vivent dans la maison. Le respect d'autrui est une valeur sur laquelle vous ne transigez pas.

- Mettez des limites, mais contrairement à ce qu'on a tendance à faire avec des ados difficiles, ne resserrez pas trop l'espace de liberté du jeune. Soyez souples. N'interdisez pas formellement ce qu'il transgressera de toute manière.

- Réfléchissez à la marge de manœuvre que vous voulez lui laisser, en sorte qu'il ne soit pas obligé d'aller jusqu'à l'inacceptable pour transgresser. Le jeune a besoin de transgresser pour tester sa liberté, sachez placer les limites bien avant le véritable danger : si vous lui dites : "Je t'autorise le tabac et le cannabis, mais pas l'ecstazy", il risque d'avoir grande envie d'essayer l'ecstazy ! Si vous dites : "Je t'interdis formellement de fumer la cigarette", vous n'êtes guère réaliste ! Mais vous pouvez exprimer le souhait qu'il limite sa consommation de tabac, et lorsqu'il fume, vous pouvez rappeler que vous désapprouvez, dire "je n'aime pas te voir fumer, tu le sais" ... Somme toute, il transgresse à bon compte pour vous.

- N'annoncez pas à l'avance la couleur de la sanction en cas de transgression : en général vous annonceriez des sanctions que vous ne pouvez tenir, et puis pourquoi anticiper la transgression ? vous posez une limite, vous vous attendez à ce qu'elle soit respectée. Vous sanctionnez éventuellement après, en cherchant une sanction constructive, utile pour la famille (un bricolage dont il voit bien l'utilité, une réparation d'objet cassé, un service à rendre à un petit frère ...).

- Parlez leur suffisamment tôt de la sexualité (ils sont souvent précoces) et apprenez-leur à se bien protéger. Rappelez-leur aussi qu'ils ne sont pas obligés de passer à l'acte pour " faire comme les autres ", qu'il est très important de le faire quand on se sent prêt, et qu'ils ont le droit à être respectés par leur(s) partenaire(s)

- Sachez remercier lorsqu'ils respectent une limite ou un engagement, reconnaissez l'effort qu'ils ont fait (par exemple pour rentrer à l'heure dite, pour participer à des tâches ménagères, pour téléphoner à grand-mère pour sa fête...) : vous appréciez, sachez le dire.

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Soyez cohérents

- Restez cohérents et constants dans vos demandes, quitte à avoir moins de demandes, moins d'exigences. Les adolescents préfèrent quelques limites claires et strictes à un contrôle tatillon assorti de multiples recommandations et de laisser-aller en cas de transgression.

- Restez cohérents en tant que couple ... Que l'un ne contredise pas l'autre constamment.
Ajustez-vous l'un à l'autre hors de sa présence. Sinon vous allez à la catastrophe.
Si vous constatez qu'il joue à faire appel à l'autre parent contre vous qui avez fixé une limite, obligez les parties à se confronter et exprimez votre désaccord face à cette manipulation.
Dites-lui que vous aimeriez pouvoir lui faire confiance et que ce type de comportement vous en empêche.

- Si vous essayez une nouvelle manière de gérer votre adolescent (vous prenez soudain conscience qu'il a grandi, ou que rien ne va plus, que vos règles ne sont plus respectées ni ne sont plus adaptées, vous voulez en changer), n'hésitez pas à en discuter avec lui (à moins qu'il ne s'agisse d'un enfant ayant des troubles de l'attachement avec qui vous avez déjà eu de grosses difficultés). Vous entendre dire : "Nous constatons que ça ne va plus, nous souhaitons en discuter avec toi" peut constituer un moment important pour lui. Ensuite, respectez ces nouvelles règles un certain temps : elles ne peuvent pas faire de l'effet en quarante-huit heures. Et changer les règles du jeu tous les trois jours ne vaut rien.

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Trouver la bonne distance affective

- Tout adolescent a besoin de prendre de la distance avec ses parents, même s'il a encore besoin d'eux matériellement et affectivement. Il s'éloigne, c'et normal. Ne cherchez pas à vous rapprocher de lui à tout prix, respectez son besoin d'autonomie.
A vous de trouver la juste distance, celle avec laquelle il fonctionne bien...

- Sachez toutefois vous réserver des moments d'intimité "parents-ado tout seul"

- Pensez que devenir autonome est en tout état de cause plus difficile pour un enfant adopté qui ne sait pas trop quel lien restera ni jusqu'où il peut tirer sur le lien : donc parlez-en avec lui si vous pensez que cela peut l'aider, dites-lui que son besoin d'indépendance est normal, et que vous êtes prêt à le respecter s'il accepte un certain nombre de garde-fou liés à sa minorité.

- Evitez de mettre trop d'affectivité dans les discussions, de dire " tu me fais beaucoup de peine " (ce qui relève du chantage affectif, et qu'ils exècrent). Gardez le plus possible un ton neutre, exempt de jugement moralisant. Ayez recours au " on " et au " il " impersonnel : " il serait peut-être bon de ..." et " que pourrait- on faire pour ... ", si vous le sentez trop crispé dans la relation interpersonnelle.

- Envisagez au besoin la relation sur le mode amical plus que filial, si ce mode-là est plus acceptable pour lui. Demandez-vous comment vous vous comporteriez si ce jeune n'était pas votre fils, votre fille, mais un neveu, ou la fille d'amis partis à l'étranger ... ce que vous supporteriez, ce dont vous ne vous sentiriez pas responsable, ce que vous exigeriez ... Si votre ado est très difficile, très rebelle, parlez-lui en au besoin : souhaite-t-il que vous le traitiez comme un hôte de passage pour un temps limité (il partira, de toute façon, une fois adulte !) et accepterait-il de jouer le jeu, de se conduire chez vous comme s'il était chez des étrangers à qui il souhaite laisser une certaine image de lui. Acceptez qu'il ne puisse pas faire plus ... Vous le dire lui est difficile, car il se sent injuste ou ingrat : à vous de prendre l'initiative d'en parler, de comprendre qu'il a le droit de vous aimer différemment de ce que vous souhaitez, que ce peut être une étape pour préserver votre relation future.

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Développez votre capacité d'écoute...

- En cas de conflit, de "bêtise" faite au dehors ou à la maison, s'il cherche à se justifier, laissez-le s'expliquer jusqu'au bout sans l'interrompre, et essayez de comprendre avec lui pourquoi il a agi de telle et telle manière. Décortiquez ses comportements sans les juger. Vous pourrez peut-être ensuite, l'ayant écouté, lui expliquer comment son comportement est perçu par d'autres.

- Dites vous qu'il y a toujours un élément déclencheur qui explique un dérapage, et que le comprendre présente un avantage pour lui et un avantage pour vous.

- Un avantage pour vous : moins de souffrance due au sentiment que votre jeune fait n'importe quoi ...

- Un double avantage pour lui : vous percevoir comme un parent compréhensif qui ne condamne pas d'entrée de jeu, et se comprendre lui-même au lieu de se sentir " monstrueux " et d'en faire une provocation faute de savoir l'intégrer dans son image de lui. (Beaucoup d'ados sont dans la provoc' parce qu'ils pensent " de toute manière je suis mauvais... je ne suis pas conforme à ce qu'ils veulent, c'est comme ça ... ")

- Attendez parfois avant de donner une réponse, une autorisation, prenez le temps de réfléchir (dites lui " je vais y réfléchir, je te dirai demain ce que j'en pense " ... Ce qui lui donne, à lui (elle) aussi le temps d'y réfléchir et parfois de renoncer de lui-même à ce qu'il a demandé ...

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Travailler (dans) l'intersubjectivité...

- Les enfants qui ont souffert d'être mal accompagnés dans la toute petite enfance (carence affective précoce) ont du mal à être dans la réciprocité, à considérer l'autre comme un sujet qui a un point de vue, des émotions, des désirs, des besoins différents des siens. Ils restent souvent dans un narcissisme primaire, dans un désir de toute-puissance, en considérant les autres comme des objets qu'il faut manipuler pour en obtenir la réalisation de leurs désirs.

- Il est donc très important d'exprimer devant eux l'effort que vous faites pour essayer de les comprendre, de vous mettre à leur place, en raison de l'effet miroir que vous pouvez en espérer : à savoir leur apprendre comment on peut se mettre à la place de l'autre, imaginer ce que ressent l'autre.

- Donc lorsque vous essayez de comprendre le comportement de votre ado, réfléchissez tout haut devant lui, pour qu'il puisse intérioriser votre démarche, se représenter l'effort à faire. Puis réfléchissez avec lui à d'autres comportements plus acceptables qu'il aurait pu avoir pour exprimer par exemple sa colère, ou satisfaire un désir.
("Je comprends bien que ça t'ait mis en colère, ou que ça t'ait fait envie, mais tu as déclenché des réactions très désagréables... Comment aurais-tu pu t'y prendre pour t'exprimer de manière acceptable par X... ?")

- En résumé, le parcours type serait :
J'essaie de te comprendre.
Je te dis ce que je crois comprendre.
Je te demande de me comprendre aussi, de te mettre à ma place.
Je te dis que je crois que tu me comprends, je sais que tu ne le diras pas, mais je suis sûr qu'intérieurement tu comprends mon point de vue, peut-être même que tu me donnes raison.
A ma place, si tu étais le parent et que je sois ton fils, ta fille, comment réagirais-tu ?
Comment imagines-tu que tu réagiras lorsque tu seras papa ou maman et que tu auras un fils ou une fille ado ?

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Sachez faire confiance sans naïveté

Un ado a besoin qu'on lui fasse confiance, mais le vôtre fait tout pour ne pas mériter cette confiance. Il promet, vous savez qu'il ne tiendra pas...

- Ayez soin de toujours lui tendre une image positive de l'avenir, de lui dans l'avenir, d'exprimer votre confiance dans ce qu'il peut devenir malgré les difficultés présentes.

- Pensez qu'éduquer c'est prendre des risques : ne faites pas trop peser votre angoisse sur votre ado, il est lui-même déjà angoissé devant l'avenir.

- Etonnez-le agréablement ! Parfois il serait bon de lui donner une liberté, une autorisation, avant qu'il ne l'ait demandé, comme un privilège et une marque de confiance. Comme un défi à relever, aussi. Si le jeune en abuse, trompe votre confiance, vous saurez lui dire : "je me suis trompé, tu n'étais pas encore capable de... ou mieux... il était prématuré de...". S'il se comporte de manière satisfaisante, il vous sera reconnaissant de cette marque de confiance, cela peut contribuer à un climat serein, sans agressivité.

- Il promet... et vous savez qu'il ne tiendra pas !
Pensez qu'au moment où il promet il est sans doute sincère... Il a déjà promis, il a déjà failli à sa promesse, il faut cependant croire encore à sa sincérité. Exprimez votre confiance dans le fait qu'il y arrivera un jour. Si vous cessez d'y croire, il cessera de faire des efforts pour tenir ses engagements. Aucun n'y arrive du premier coup, ni à tout coup.

- Il n'a pas tenu un engagement, et vous le lui faites remarquer. Vous ne dites pas : "Tu m'as encore menti..." mais "Tu as du mal à tenir un engagement, hein ?"

- Si vous avez la conviction qu'il promet sans être sincère, juste pour obtenir l'autorisation qu'il demande ("oui, oui, je rentrerai sans faute avant minuit"), verbalisez votre conviction. "Le problème, c'est que je ne te sens pas engagé par ce que tu dis, j'ai le sentiment que tu promets juste pour obtenir mon autorisation. Qu'en penses-tu ?".
C'est assez facile à repérer, en fait. Le jeune qui promet très vite, sans négocier, sans prendre le temps de réaliser ce qu'il promet... n'a pas l'intention de tenir, sa promesse est une simple formalité... Le jeune qui commence par râler, par essayer d'obtenir une autorisation plus avantageuse pour lui, réalise qu'il lui sera difficile de tenir mais a l'intention de tenir ce qu'il promet...

- Garder confiance en lui, garder confiance en l'avenir, continuer à espérer, c'est parfois ce qu'il y a de plus difficile... mais c'est aussi un des plus beaux cadeaux que vous puissez faire à vos jeunes dans cette période charnière.

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En pleine crise de colère...

- Eviter l'escalade, du type : il hurle, vous hurlez plus fort...
Hurler plus fort c'est montrer votre fragilité, montrer qu'il vous a déstabilisé, et c'est ajouter encore à son désarroi et à sa colère.
S'il ne va pas de lui-même se calmer dans sa chambre (c'est souvent leur réflexe, en claquant la porte et en hurlant), dites que vous n'acceptez pas qu'on se parle sur ce ton et que vous reparlerez avec lui dès qu'il sera plus calme.

- S'il refuse de s'éloigner, quittez vous-même la pièce (inutile de le regarder dans les yeux à ce moment-là car son regard vous assassine... Vous refusez tout contact lorsqu'il ne se connaît plus, vous ne donnez pas de steak au lion !)

- Pensez que la colère est une émotion extrêmement contagieuse, et que vous avez tout à perdre à l'attraper. Il peut vous arriver d'être en colère et de le manifester (ce sera d'autant plus fort que ce sera surprenant pour lui), mais évitez de piquer une colère par contagion de la sienne.
Opposez votre calme à sa perte de contrôle : il cherche à vous mettre en colère, à vous déstabiliser, pour garder le contrôle de la situation. Si vous perdez votre sang-froid, c'est lui qui maîtrise le jeu. (soit c'est intérieurement un enfant effrayé et anxieux, et constater le pouvoir qu'il a sur vous lui fera encore plus peur ; soit c'est un ado manipulateur et il apprend vite qu'il peut avoir barre sur vous ; dans les deux cas vous êtes perdant...)

- S'il est debout, de préférence restez debout aussi : assis vous êtes physiquement en situation d'infériorité (sauf si votre calme est olympien) et vous avez plus de mal à quitter la pièce si nécessaire (ça devient une fuite...). Pensez que pour une part nos comportements sont hérités du monde animal (il y a en nous un héritage des instincts animaux) : dans une meute, le chef est debout !

- D'une manière générale, essayez de le surprendre : une réaction inattendue de votre part peut casser une crise... surtout s'il est beaucoup dans la provocation.

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Les comportements à risque :
les fugues et la violence physique en famille

Nous abordons là les situations les plus dramatiques, les plus difficiles à vivre ; ce ne sont pas, heureusement, les plus fréquentes... mais elles existent, il faut donc en parler.

- Les fugues sont certes très angoissantes, cependant ne sont pas ce qu'il y a de plus dangereux. Elles sont assez fréquentes chez nos enfants et sont souvent le signe d'une quête d'identité, signe que le jeune se cherche dans un ailleurs, mais en général avec peu de prise de risque (il est hébergé chez un copain ou un parent, il sait qu'il peut revenir).
A vivre plutôt comme un appel au dialogue, une demande d'être écouté, entendu.
Si votre enfant a fugué, vous pouvez vous tourner vers le dispositif "116 000 - Enfants Disparus".

- La violence physique contre vous, ses parents, c'est nettement plus grave, c'est le tabou absolu. Quand il en arrive là, vous ne pouvez plus gérer à l'intérieur du foyer, il faut passer la main à l'extérieur. Pour vous, et pour lui.
Il n'est pas possible d'éduquer un adolescent si vous en avez peur, si vous ne vous sentez pas en sécurité avec lui. Vous ne pouvez pas assurer sa sécurité psychique si vous-même vous avez peur de lui.

- Il arrive que l'ado demande à être éloigné de vous, de sa famille, (il demande l'internat, le placement en foyer, l'émancipation...) : avant de vous en indigner, de culpabiliser en pensant qu'il s'agit d'une sorte d'abandon, dites-vous que c'est peut-être chez lui un réflexe salvateur par lequel il vous protège, ainsi que le reste de la famille, de sa propre violence.

- Demander une aide extérieure de prise en charge, voire porter plainte contre son propre enfant, c'est certainement une des choses les plus douloureuses à vivre pour des parents, mais c'est parfois la plus grande preuve d'amour qu'on puisse lui donner, si on lui explique en même temps que la porte lui restera ouverte lorsqu'il aura appris à gérer sa violence. Mieux vaut un placement à seize ans qu'une lourde condamnation à 25...

- Si vous ne pouvez plus lui parler (parce qu'il refuse d'entendre), essayez de lui écrire...
Ne soyez pas bavard (il ne lirait peut-être pas tout), allez à l'essentiel : vous l'aimez, il reste votre enfant à vie, votre coeur lui reste ouvert. Mais son comportement n'est pas acceptable. Il suffirait qu'il change de comportement pour retrouver sa place dans la famille. Vous ne pouvez pas le laisser compromettre son avenir en le laissant faire.

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Les comportements à risque :
drogue, alcoolisme, anorexie, automutilation, tentative de suicide...

Nous abordons là les situations les plus dramatiques, les plus difficiles à vivre ; ce ne sont pas, heureusement, les plus fréquentes ... mais elles existent, il faut donc en parler.

- Anorexie, automutilation, tentatives de suicide, prostitution, sont plus souvent le fait des filles qui retournent leur violence contre elles-mêmes Consommation de drogues et alcoolisme, violences physiques, vols et actes de délinquance anti-sociaux plus souvent le fait des garçons. Sans exclusive toutefois.

- Ces comportements impliquent toujours une aide extérieure, un recours à un service de soins, une psychothérapie, une hospitalisation, mais ne sont pas incompatibles avec le maintien dans la famille, avec le retour en famille entre les moments de crise grave. Le jeune a besoin de sentir qu'il n'est pas rejeté, que la porte lui reste ouverte.

- Il s'agit donc là de situations très angoissantes et très difficiles à gérer pour les parents, surtout s'il y a d'autres enfants au foyer. Vous allez avoir vous aussi besoin d'être soutenus (par un groupe de parents dans la même situation, par un psy, par vos amis s'ils sont très proches et très compréhensifs

- Vous pouvez être amenés à faire soigner votre ado contre son gré, à demander une hospitalisation contre son gré (la non-assistance à personne en danger le justifie) ; mais les soins ne seront vraiment efficaces que s'il est lui-même demandeur. Il faut donc être attentifs aux signes d'une telle demande ...

- Ecoutez-le s'il consent à parler, sans chercher à argumenter, raisonner etc. En cherchant simplement à être empathique et soutenant.
Si vous discutez ses affirmations, ne discutez pas son sentiment ("c'est ce que tu ressens, je te crois"), parlez avec votre coeur, le plus brièvement et simplement possible... ou restez en silence avec lui, physiquement aussi proche qu'il l'accepte... donc probablement à une certaine distance !

- Un certain nombre de jeunes adultes qui ont été des enfants et des ado adoptés peuvent témoigner qu'ils sont passés par là et qu'ils s'en sont sortis.
N'hésitez pas à prendre contact avec l'association "La Voix des Adoptés" pour en obtenir témoignages et soutien. Ne perdez jamais confiance, votre ado a besoin que vous croyiez à son avenir au moment où lui- même n'y croit pas, cherche à se détruire : c'est votre écoute et votre confiance en dépit de tout qui sont l'aide la plus précieuse que vous pouvez lui accorder.

Association "La Voix des Adoptés" : site / mail

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Les comportements à risque :
la délinquance (vols, deals, bagarres avec arme -couteau, chaîne de vélo etc- viols, ...)

Nous abordons là les situations les plus dramatiques, les plus difficiles à vivre ; ce ne sont pas, heureusement, les plus fréquentes ... mais elles existent, il faut donc en parler.

- En fait, non, vous ne cherchez plus vous-même des solutions, vous savez y renoncer et passer la main à la justice, votre jeune a impérativement besoin d'un rappel à la loi. Besoin de se heurter aux institutions sociales. Besoin de payer sa dette à la société.

- Mais vous restez à côté du jeune : vous manifestez qu'il reste votre fils (ou qu'elle reste votre fille).

- Vous vous protégez et protégez votre famille : vous allez devoir faire la preuve que vous êtes des parents adéquats, vous devez donc retourner la présomption de mauvaise éducation et de non-surveillance qui est la règle dans ce cas, ce qui nécessite de vous trouver un bon avocat. Vous devrez également rendre clair pour la justice que vous ne cherchez pas à vous débarrasser de votre " mauvais sujet ", que vous n'êtes pas démissionnaire. Pour cela vous devrez réunir des preuves, des attestations de démarches effectuées au préalable pour cadrer le jeune (attestations de l'établissement scolaire, de la police peut-être, des psys consultés etc)

- En vous rendant à toutes les convocations de la justice, vous rendez perceptible pour le jeune que vous ne l'abandonnez pas, et que la loi est bien la même pour tous, au-dessus de tous : vous vous y pliez parce qu'elle s'impose à vous comme elle va s'imposer à lui.

- Si vous avez vous-même fait appel à l'intervention de la justice, il vous faudra faire comprendre au jeune, et ce n'est pas facile, que c'est par amour pour lui et pour le protéger que vous prenez pour lui le risque d'une sanction pénale lourde

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